Myriam C., maman d’une élève TDAH

Voici le premier témoignage d’une mère d’élève en situation de handicap, Myriam C. :

« Ma fille a été diagnostiquée TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) avec dyslexie/dysorthographie sévère et une dyscalculie. La première demande a été rejetée (dossier soi-disant incomplet). Ma fille a eu un début de scolarité avec – une année sur deux – une enseignante bienveillante, sachant la prendre avec toutes ses différences. Enfin, en CE2, une AVS mutualisée a été nommée mais pas la panacée, juste 6 heures, autant dire rien . L’année de CM1 j’ai fait des pieds et des mains pour qu’elle ait 12 heures et ce fut accepté. Ouf , mais hélas l’enseignant a été odieux et n’a jamais appliqué le PPS (projet personnalisé de scolarisation). Il s’est fait remettre en place par l’équipe pédagogique, mais cela a eu un effet inverse, il a été pire. Mais ma fille, qui aime tout le monde, ne voyait rien, elle le trouvait même sympathique.

J’ai tout fait pour qu’elle ne s’aperçoive pas de la haine que j’avais contre lui et ses manières odieuses. Pour le spectacle de fin d’année, une pièce de théâtre, bien évidemment elle n’avait aucun rôle. Il avait dit devant toute la classe qu’elle ne savait pas lire . Elle a quand même voulu faire son spectacle. Horrible année de CM1.

En CM2, une maîtresse au top qui a appliqué à la lettre toutes les préconisations du PPS. Super, super  ! L’AVS, la même que l’année précédente, gentille mais pas du tout efficace, je lui ai expliqué, amené de la documentation, elle a vu les professionnels et même ils lui ont proposé de les contacter mais, non, elle n’a jamais rien fait, ni adapté .

Bref , je sais et je suis bien placée pour le savoir, que le job d’accompagnant scolaire ne paie pas, mais qu’il est tellement gratifiant à travers l’avancée des enfants, leurs sourires, leurs chagrins.

Début CM2, l’orientation s’est posée à nous, ma fille et moi. Il nous a été proposé une orientation en milieu ordinaire, en SEGPA et en ULIS. Beau dilemme. Finalement après concertation avec tous les professionnels et l’avis de ma fille, nous avons opté pour la SEGPA.

Ma fille revit, s’épanouit. On lui rend sa place d’élève, le spectacle de fin d’année sur le thème « Art et cinéma » fut une révélation, elle a eu des tirades longues. J’en ai pleuré, tellement émue. Et cette année, elle s’est découvert une passion, le cheval, et veut en faire son métier .

Malgré sa scolarité chaotique, ma fille a rencontré des enseignants formidables mais pas cela n’a pas été suffisant pour qu’elle puisse faire un cursus normal. Je ne dis pas que telle orientation ou telle autre est bien ou pas bien, cela dépend de l’enfant . Je remercie très fort les professionnels (psychologue scolaire, éducatrices et orthophonistes) car sans eux ma fille n’en serait pas là. Et bien sur, merci à son accompagnante scolaire qui a fait du mieux qu’elle pouvait. » Myriam C.

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4 commentaires

  1. Le respect du PPS. Un des points-clé pour parvenir à un résultat cohérent, profitable à l’élève. Obtenir que ce document soit suivi au plus près, insister si cela n’est pas respecté, faire pression quand cela n’est pas le cas. Les enseignants ont des supérieurs académiques qu’ils craignent comme la poule le renard. Servez-vous de cette pression pour qu’ils fassent ce qu’on attend d’eux : leur métier !

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  2. Ce témoignage est émouvant et criant de vérité! Comme si avoir un enfant différent n’était pas une peine suffisante, se rajoute le combat permanent des parents et de l’élève contre un système éducatif qui se dit inclusif sur le papier mais qui ne s’en donne pas les moyens : accompagnants et enseignants mal ou non formés, des services spécialisés pas toujours à la hauteur, un accompagnement insuffisant en quotité horaire, des enseignants référents dont la dénomination n’a pas d’équivalence pour la référence précisément, qui devraient plutôt porter le nom d’enseignants coordinateurs, car la coordination entre tous les acteurs de l’équipe éducative est loin d’être légion!
    Quant au devenir de l’élève, je ne suis pas sûre que ce soit la première des préoccupations de toute l’équipe éducative!!! Donc beaucoup se disent : c’est une mauvaise année à passer, et on se refile la « patate chaude »! J’ai souvent vécu cette situation en fin d’année scolaire quand il faut inscrire l’élève dans le cours supérieur (non pas avec moi, plutôt avec untel…) et puis finalement s’il y a une nouvelle nomination de collègue, c’est là que cet élève sera inscrit, comme par hasard…

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  3. C’est effectivement du vécu de salle des profs. Eviter machin ou truc, la patate chaude, l’expression est évocatrice et parfois utilisée. Ou si je prends machin, je te refile truc parce que là, c’est plus possible, etc. Vos gosses sont quelquefois « des marchandises » qu’on s’échange. Evidemment, tous ne sont pas comme cela, il y a de l’humanité partout. Heureusement…

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