L’Education n’est plus la priorité de Macron, c’est la chasse aux économies

Jean-Michel Blanquer a déjà supprimé des dispositifs au sein de l’Education nationale et devra bientôt faire d’autres économies. Mais lesquelles et selon quel calendrier?

Pour la première fois depuis cinq ans, le budget consacré par la Nation à l’éducation est en baisse de 75 millions d’euros. Étonnant quand on se souvient que le candidat Macron en avait fait l’une des priorités de son programme.

On pourra se rassurer à peu de frais en estimant que cette entaille est somme toute modeste au regard d’un budget global de plus de 60 milliards d’euros. On devrait pourtant y voir d’abord un signal. Dorénavant, l’éducation n’échappera plus aux coupes budgétaires et devra contribuer à la politique de rigueur annoncée par le Premier ministre, Edouard Philippe, dans son discours de politique générale.

Depuis quelque temps, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, prépare les esprits à ce revirement. Il a ainsi multiplié les déclarations pour indiquer, comme devant les Sénateurs le 28 juin, que le budget de l’éducation serait dorénavant « en situation de constance ». Derrière ces propos feutrés, il y a surtout ce que le ministre ne dit pas. Vu de la rue de Grenelle, l’école est à présent considérée comme repue, servie, comblée après cinq années de Refondation. Quelle erreur! Comment tabler sur la fin des moyens supplémentaires alloués à l’école quand les besoins sont encore aussi criants pour améliorer les remplacements, les départs en formation continue des enseignants, la médecine scolaire, les Rased (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) ou la revalorisation des carrières et des indemnités des personnels de l’éducation nationale? Le temps éducatif s’inscrit dans la durée et l’engagement de l’Etat aurait mérité au moins deux quinquennats.

Quel est le risque? Probablement que cette logique comptable ne soit le signe avant-coureur du retour des partisans du Statu quo. Ceux qui se contentent de gérer le système scolaire quand les enquêtes internationales le décrivent comme profondément inégalitaire avec une propension à reproduire, voire même à aggraver, les inégalités sociales à l’école. Ceux qui, en définitive, ne s’intéressent qu’aux 70% des élèves qui vont bien et pas aux 30% qui vont mal et qui accumulent les difficultés scolaires dès l’école maternelle.

D’autant que le ministre se trouve déjà confronté à la quadrature du cercle: comment faire tenir dans un budget constant les promesses du candidat Macron, les charges nouvelles pour l’Education nationale et les innovations du ministre lui même? Et l’ardoise est lourde! Le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP (Réseau d’Education Prioritaire) et REP+? Environ 500 millions. La prime en Rep+? Environ 200 millions. Les Parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR)? Environ 700 millions. Les « devoirs faits »? Environ 150 millions. L’avancement des personnels? Environ 300 millions. En résumé, le Ministre doit faire entrer plus d’un milliard de charges nouvelles dans un « budget constant » et dans une politique générale de rigueur.

Sans jamais le dire, Monsieur Blanquer a commencé à faire le job en supprimant des dispositifs un peu partout, à la va-vite, pour faire de rapides économies. Nous avons fait fausse route en imaginant que ces mesures nouvelles s’ajouteraient à celles existantes. En réalité, elles s’y substituent. Nous avons encore fait fausse route en imaginant que ministre défendait une « certaine vision de l’école ». En réalité, il sauvait son budget.

Au diable les évaluations, les concertations et même les lourds et fastidieux débats parlementaires. C’est à coups de décrets et d’arrêtés qu’il a commencé sa chasse aux économies: abandon du dispositif « Plus de maîtres que de classes », retour à la semaine de 4 jours, mais aussi le gel du point Fonction publique, rétablissement du jour de carence.

C’est à l’aune de cette contrainte budgétaire qu’il faut entendre la menace du gouvernement de mettre un terme à l’aide aux communes pour les activités périscolaires. Contrairement à ce qu’affirme Monsieur Blanquer, ce ne sera ni un choix, ni une liberté, ni du pragmatisme mais belle et bien une contrainte à laquelle les élus devront se plier pour que l’Etat économise au final 400 millions d’Euros -tout en laissant à d’autres acteurs la charge de supporter le plus grand plan social du périscolaire jamais organisé en France, condamnant jusqu’à 250.000 personnes (environ 25.000 ETP) à cesser leurs activités.

Mais le compte n’y est toujours pas. Monsieur Blanquer devra donc rapidement faire d’autres économies. Mais lesquelles? Selon quel calendrier? Peu disert sur le sujet, Monsieur Blanquer doit à présent sortir de l’ambiguïté et exprimer clairement ses choix pour l’école.

http://www.huffingtonpost.fr/colombe-brossel/education-nationale-plus-la-priorite-macron-economies_a_23037172/?utm_hp_ref=fr-politique

2 commentaires

  1. Les célèbres (fausses) promesses électorales lorsqu’il promettait monts et merveilles pour l’Éducation ou le handicap. Ou sont ses promesses? Ils ne pensent qu’à leurs budget mais ne pensent pas autres. Quel avenir pour les AVS, vont-ils être titularisés ou toujours précarisés? Et les aides administratif de directeur d’école, toujours oublier ou meilleurs situations (et les anciens EVS et AVS)? Les travailleurs handicapés dans l’éducation nationale? Et dans le monde de l’emploi?
    Toutes ces questions, ils ne se les posent pas puisqu’ils ne se sentent pas concernés par les problèmes du pays!

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  2. Les économies, sur notre dos, existent de longue date. Toutes celles qui font 24 heures payées 20 font partie de l’économie. Le système va-t-il se généraliser ? J’ajouterai celles qui sont payées sous le SMIC pour annualisation illégale (le cas de celles qui sont payées 603 euros par mois pour plus de 20 heures par exemple).

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